Je suis français, je vis au Québec depuis 23 ans et, dans ces moments de plaisir et de farniente estivaux, j’avais envie de vous expliquer pourquoi, plutôt qu’aller en France comme la plupart de mes compatriotes exilés, je préfère rester au Québec même pendant les vacances.
J’habite un quartier près du Saint-Laurent.
Dès le premier regard, j’ai tout de suite compris que je ne pourrais plus jamais vivre loin de ce fleuve.
Chaque matin qu’il pleuve ou qu’il vente, été comme hiver, vous pourrez m’y croiser sur la berge; vieux corbeau noir dégingandé arpentant ce chemin de verdure et d’eau.
J’y entrevois des bateaux depuis longtemps coulés, beaux trois-mâts partant à la conquête de nouvelles terres. J’y perçois des bruits de guerre, des histoires d’amour et des serments gravés dans l’écorce des chênes.
Sur le fleuve on peut admirer le spectacle permanent des cargos et des paquebots qui remontent le courant, pressés de déverser sur Montréal touristes et épices du monde entier.
Sur la terre ferme crapahutant comme des marathoniens, quelques anciens semblent courir, la mort aux trousses, essayant par ces efforts souvent tardifs de gagner quelques années ou quelques mois supplémentaires d’une vie qu’ils aiment encore; vieux « mon-oncle » transpirants et essoufflés qui tentent d’éliminer ce bedon de bière qui les prépare si bien à la crise cardiaque.
Passent aussi des mamies en goguette qui échangent recettes et tours de mains pour le repas du soir en égrenant quelques croustillants souvenirs de jeunesse, le tout, ponctué de rires caquetants.
Il y a également de beaux jeunes gens riches d’une énergie qu’ils trouvent ici à dépenser d’une façon saine et vivifiante, tant pour le corps que pour l’esprit et………..
Les jolies demoiselles !
Vieux corbeau… que je vous disais ! Et bien oui, je l’avoue j’aime mon coin de fleuve aussi pour ça ! Des défilés interminables de magnifiques jeunes femmes en tenues « légères » qui viennent alimenter mes fantasmes « esthétiques ».
Assis sur un banc pour un instant de repos, je les regarde passer, marchant , courant, gracieuses et belles. Ne croyez pas que je sois un « mateur » je suis plutôt un amateur, amateur de beauté, de celle qui fait aimer la vie et garder un peu de jeunesse dans son vieux cœur. Mais quel drame d’avoir, en autres, la vue qui baisse ! Et quand par bonheur l’une d’entre elles me sourit, alors là…
De belles rencontres surprenantes
Parfois, on y fait des rencontres surprenantes, de celles qui font du bien à l’âme.
Que je vous raconte : l’autre jour en revenant de ma promenade matinale, j’entends de la musique au loin. Curieux, je me dirige à l’oreille vers le lieu présumé du concert et finis par voir un petit attroupement près de la marina.
Je m’approche et aperçois un petit vélo sur sa béquille et, sur le trottoir bien en évidence,
un casque de cycliste retourné avec à l’intérieur une casquette de base-ball.
Levant les yeux je découvre un petit garçon d’environ dix ans qui, flûte au bec tel un virtuose, exécute d’une façon surprenante et magnifique un air classique très complexe.
Autour de lui papys et mamies charmés jettent des pièces dans sa casquette.
Quel spectacle étrange de voir cet enfant qui, imperturbable malgré la foule, continue sans aucune erreur à nous offrir un peu de son talent comme un professionnel aguerri.
Un enfant artiste qui fait la manche sur le bord du fleuve ! C’est beau, c’est frais, c’est joyeux et rassurant aussi.
Qui a dit que les jeunes ne s’intéressent plus à rien ?
Si un jour vous avez la chance de croiser ce petit joueur de flûte, soyez gentil donnez-lui une pièce. Il faut encourager les artistes !
Pour vous remercier d’avoir suivi jusqu’au bout ce petit délire estival, je vous offre ce cocktail rafraîchissant.
Et bonnes vacances !
La recette
Parfum de femme
C’est la force et la faiblesse, c’est l’amour et la haine, c’est la douleur et la joie. C’est aussi la mère et la fille, la maîtresse et la femme. C’est le doux et l’acide.
Un cocktail sans alcool qui va vous surprendre. Si vous préférez avec… le gin est tout indiqué, au goût et à la force que l’on désire.
Préparation
Un trait de sirop (ou de liqueur) de curaçao bleu – le jus d’une d’orange – le jus d’un 1/2 citron – le jus d’une 1/2 lime – 1once de jus d’ananas – 3 onces de jus de gingembre frais (peler, trancher et mixer le gingembre frais avec le double de son poids en eau et presser le tout au travers d’un linge) – quelques gouttes de vanille naturelle. Bien mélanger et servir sur de la glace pilée.
Quelques feuilles de menthe poivrée fraîche et quelques baies de genièvre pour le décor, une paille et voilà. Elle est pas belle la vie!